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J'ai mal à ma Terre
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23 octobre 2006

Et pourquoi pas ?

Payer les paysans pour protéger les forêts est une solution, selon la BM

Par David DIEUDONNE


WASHINGTON (AFP) - Inciter les industriels à rémunérer les paysans pour qu'ils protègent leurs forêts, véritables poumons de la planète, au lieu de les détruire, peut être une solution pour lutter contre la déforestation, estime la Banque Mondiale.

"Dans les émissions de gaz carbonique, la déforestation compte pour presque un quart", a rappelé lundi l'économiste en chef de l'institution internationale, François Bourguignon, dans un entretien à l'AFP. En effet, plus la forêt rétrécit, moins elle joue son rôle de poumons. Dès lors, pourquoi ne pas considérer les forêts comme des pollueurs potentiels, au même titre que les usines, mais à l'envers: en favorisant financièrement leur conservation.

Ce système, là où il est appliqué, impose aux sites industriels, grands consommateurs d'énergie, de respecter des quotas de CO2, et permet aux entreprises les plus polluantes de racheter à ceux qui le sont le moins leurs quotas non utilisés. Ces droits sont cotés sur un marché, comme des instruments financiers.Ce raisonnement permettrait d'étendre aux forêts et à leurs exploitants le système de droits d'émission, ou marché du carbone, tel qu'il a été inventé pour les industries polluantes.

Ainsi les entreprises polluantes échangeraient, avec les propriétaires forestiers, des obligations de conservation contre des droits de polluer. "L'ensemble du mécanisme n'est pas très très simple", reconnaît M. Bourguignon. "Mais il n'y a pas de raison de ne pas rechercher des solutions de ce type là". Car, d'un point de vue économique, la situation actuelle est profondément illogique.

En Amérique Latine par exemple, la forêt tropicale dense est souvent défrichée pour en faire des terrains de pâturages dont la valeur dépasse à peine 300 dollars à l'hectare. Or, la valeur de ces forêts pourrait être cinq fois supérieure si elles étaient préservées et servaient à stocker le CO2, estime la Banque.

De plus, en brûlant l'hectare de forêt qui servira à ses futures récoltes, l'agriculteur libère jusqu'à 500 tonnes de CO2, dont chacune est cotée autour de 15 dollars sur le marché européen du carbone. Pour obtenir un hectare cultivable d'une valeur de 300 dollars, le paysan a donc brûlé près de 7.500 dollars de subventions potentielles. Plusieurs obstacles s'opposent toutefois à la mise en oeuvre d'un tel système.

D'abord, c'est un mécanisme négatif: "Cela signifie que vous payez les gens à rester devant leurs arbres et à ne pas les abattre", résume M. Bourguignon. Il faut donc s'assurer que l'argent est réinvesti dans des zones agricoles déjà défrichées et servir à des récoltes plus productives. Ensuite, qui faut-il financer? "Certains ont été découragés parce qu'ils avaient imaginé des systèmes dans lesquels le paiement allait de chaque gros fournisseur d'énergie à chaque fermier", explique Kenneth Chomitz, l'auteur du rapport de la Banque mondiale sur le sujet rendu public lundi.

Pour lui, "l'incitation financière doit être donnée au gouvernement". Mais dans ce cas, un problème demeure: comment s'assurer que l'argent reviendra bien aux paysans concernés? "C'est au pays de le gérer", répond M. Bourguignon, même si "on peut imaginer des mécanismes d'incitation". Autre contrainte, "le marché des droits d'émission est un marché qui pour l'instant est assez limité", souligne l'économiste en chef de la Banque mondiale, "parce que l'un des gros acteurs, les Etats-Unis, ne sont pas là et parce qu'aussi de gros acteurs potentiels comme les géants du développement la Chine et l'Inde n'y sont pas du tout".

La mise en place de mécanisme à si long terme demanderait aussi que les objectifs du protocole de Kyoto, qui lui sert de cadre, soient prolongés au-delà de 2012, leur échéance actuelle.

http://fr.news.yahoo.com/23102006/202/payer-les-paysans-pour-proteger-les-forets-est-une-solution.html

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