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J'ai mal à ma Terre
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8 juin 2007

Quand certains hommes deviennent à leur tour espèce en voie de disparition !

Les autochtones de l'Arctique aux premières loges du changement climatique

Par Gwladys FOUCHE

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TROMSOE (Norvège) (AFP) - Le réchauffement climatique, deux fois plus rapide dans l'Arctique que sur le reste de la planète, menace les traditions ancestrales des populations autochtones qui avaient appris à composer avec une glace de moins en moins omniprésente aujourd'hui.

Des Inuits aux Lapons, des centaines de milliers d'habitants du Grand Nord risquent de devoir renoncer à leur mode de vie basé sur la chasse et l'élevage, ont mis en garde leurs représentants lors d'une conférence sur le climat cette semaine dans la ville norvégienne de Tromsoe.

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"Le fondement de notre culture, c'est le froid. Elle en a besoin pour survivre et prospérer", a déclaré l'Inuit canadienne Sheila Watt-Cloutier, dont le nom a été proposé pour le prix Nobel de la paix cette année.

Quelque 155.000 Inuits vivent dans les régions septentrionales du Canada, en Alaska et au Groenland, où la fonte des glaces s'est accélérée au cours des 30 dernières années.

Les chasseurs traquant l'ours polaire, le phoque et le morse se plaignent déjà de l'arrivée tardive et du retrait prématuré de la banquise, leur terrain de chasse.

Même lorsqu'elle est là, la glace peut poser problème en se brisant sous leurs pieds. "Nous avons de plus en plus d'accidents mortels à cause de cela", a affirmé Mme Watt-Cloutier.

Selon elle, le réchauffement de la planète est une violation des droits de l'Homme.

Le changement climatique "va faire du tort à nos droits en matière de chasse, de culture, de santé, de subsistance, de propriété, de sûreté ou de sécurité, qui sont tous définis dans la déclaration universelle des droits de l'Homme de 1948", a-t-elle dit.

Parmi les quelque 100.000 Lapons des pays d'Europe du Nord et de Russie, pour lesquels l'élevage du renne demeure un gagne-pain essentiel, le réchauffement climatique laisse aussi des traces.

"Le changement est si rapide que notre mode de vie traditionnel est en péril", a déclaré Johan Mikkel Sara, vice-président du Parlement lapon norvégien, à l'AFP.

En général, les rennes passent l'hiver sur les plateaux à l'intérieur des terres puis migrent à la mi-avril vers les côtes de la mer de Barents où ils restent jusqu'à la mi-octobre.

"Des éleveurs ont dû différer la migration vers le littoral d'un mois parce qu'il faisait trop doux. Les rivières et les lacs n'étaient pas assez gelés pour qu'on les traverse", a affirmé Elna Sara, une représentante du Centre international pour l'élevage de rennes.

D'ordinaire, les rennes migrent par leurs propres moyens, suivis par les éleveurs qui se déplacent, eux, en moto-neige ou en quad (moto à quatre roues). Mais "ces cinq dernières années, certains éleveurs ont dû transporter leurs rennes par camion", a expliqué Mme Sara.

En outre, la nourriture se fait rare pour les ruminants.

"Il pleut plus souvent en hiver. S'il gèle ensuite, la neige se recouvre de glace et les rennes ne peuvent creuser (avec leur museau) pour trouver le lichen" dont ils se nourrissent, a indiqué la représentante des éleveurs, vêtue d'un gaki, le costume traditionnel lapon.

Et ce n'est pas tout: les rennes sont aussi sous la menace d'un nouveau parasite, la tique des bois, venue du sud à la faveur du réchauffement climatique. L'acarien, qui suce le sang des rennes, leur injecte des infections et des maladies.

"Si ça continue comme cela, il va falloir arrêter l'élevage de rennes", a estimé Johan Mikkel Sara, le vice-président du Parlement lapon.

"S'il devient trop difficile de perpétuer les activités traditionnelles, les gens les laisseront peut-être tomber, déménageront vers les grandes villes et prendront un boulot +normal+", a-t-il conclu.

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