Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
J'ai mal à ma Terre
Archives
27 novembre 2006

Quel avenir pour l'espèce humaine ? Quel futur pour la planète ?

Quel avenir pour l'espèce humaine ? Quel futur pour la planète ?       La poubelle est pleine, notre planète ne peut plus absorber nos résidus et nos pollutions
crédit : notre-planete.info

Quel avenir pour l'espèce humaine ? Quel futur pour la planète ? Telles étaient les questions soulevées par les dialogues du XXIème siècle organisés par l'Office de la prospective de l'UNESCO ce 25 novembre 2006. Des scientifiques reconnus, des hauts responsables, des personnalités incontournables sur ces grands enjeux ont dressé un bilan effroyable de l'état de notre planète tout en espérant que l'humanité saura saisir cette opportunité pour construire une nouvelle civilisation.

C'est Koïchiro Matsura, le directeur général de l'UNESCO qui a ouvert ce cycle de dialogues du XXIème siècle sur un constat désormais clair et indiscutable : "nous vivons la première crise écologique globale".

Quelques chiffes en témoignent :

- la pollution atmosphérique provoque 1,56 million de décès en Asie par an
- les espèces disparaissent au moins cent fois plus rapidement que le rythme naturel et de manière irréversible à notre échelle
- la biodiversité connaît une crise majeure sous la pression des activités humaines : certaines communautés en Himalaya en viennent à polliniser à la main faute d'insectes... (Michel Loreau, professeur d'écologie théorique à l'UNiversité McGill à Montréal, Canada)
- 13 millions d'hectares de forêts sont défrichés tous les ans alors que les forêts contribuent à atténuer le changement climatique
- les forêts tropicales, qui abritent 70 à 90% de la biodiversité continentale disparaissent pour répondre aux besoins des pays riches tout en exploitant les populations locales qui en sortent appauvries (Francis Hallé, botaniste et biologiste qui a dirigé les missions scientifiques du "Radeau des cimes" sur les canopées des forêts tropicales)
- les catastrophes naturelles aggravent leur bilan avec 900 000 morts dans la dernière décennie et 2,6 milliards de personnes touchées avec deux facteurs : l'établissement de population dans des zones à risque et une occurrence plus forte des phénomènes hydrométéorologiques
- la population humaine a été multipliée par quatre en un siècle, tandis que la consommation d'énergie et de matières premières a été augmentée d'un facteur 10
- ainsi, la pression de l'humanité dépasse significativement la capacité de notre planète à absorber nos pollutions et à se régénérer : nous utilisons actuellement 1,2 planètes, alors qu’il n’en existe qu’une de disponible (Mathis Wackernagel, directeur exécutif de Global Footprint network et co-créateur de l'Empreinte Ecologique)
- la désertification concernera un tiers des terres et touchera 2 milliards de personnes en 2050 à cause du changement climatique induit par les activités humaines
- 2 milliards de personnes seront en situation de pénurie d'eau d'ici à 2025, probablement 3 milliards en 2050 (Jean Margat, vice-président de l'Association du Plan Bleu pour la Méditerranée et de l'Institut méditerranéen de l'eau)
- le changement climatique accentuera les disparités géographiques dans la répartition des précipitations, augmentant ainsi la pression sur le vivant (Syukuro Manabe, scientifique réputé co-auteur du premier modèle global du climat)

En détériorant notre support de vie et en modifiant l'équilibre climatique qui ont contribué au développement de l'humanité, nous compromettons gravement notre avenir : en seulement quelques siècles, nous avons épuisé et gâché des ressources que la Terre avait façonnées pendant des centaines de millions d'années.
En effet, la Terre et l'humanité sont souffrants : "la planète est notre miroir, si la Terre est blessée et mutilée, c'est nous qui sommes blessés et mutilés" soulignait Koïchiro Matsura. "Nous devons devenir des symbiotes de la Terre et non pas des parasites (...) c'est de l'excès que notre planète est malade" ajoutait le discours de Javiers Pérez de Cuéllar, ancien secrétaire général des Nations Unies qui annonçait simplement "il faudra bien changer d'attitude, sinon c'est le suicide collectif". Le ton est donné, les termes sont graves, appuyés et sans équivoques, laisser faire serait immoral comme le souligne Al Gore dans son film "Une vérité qui dérange".

C'est pourquoi, il faut lutter sur tous les fronts comme il a été convenu au sommet de Johannesburg en 2002 car pour la première fois de son histoire, l'humanité doit prendre des décisions, faire des choix de civilisation qui vont déterminer son avenir.

Amorcer la décroissance
Haroldo Mattos de Lemos, président du comité brésilien du PNUE a souligné que nous devons faire face à trois défis majeurs pour assurer un développement durable de nos sociétés :
- garantir la disponibilité des ressources naturelles
- ne pas dépasser les limites de la biosphère en ce qui concerne sa capacité à absorber et recycler les résidus et la pollution induits par nos activités
- réduire la pauvreté au niveau mondial
Alors que ces indicateurs sont déjà clairement dans le rouge, le dernier montre la difficulté de ce défi : on ne peut pas réduire la pauvreté des pays les plus démunis sans augmenter inévitablement leur croissance et donc leur consommation.
C’est pourquoi, la responsabilité des sociétés occidentales est engagée : nos pays riches consomment trop de biens superflus avec un mode de vie inconcevable à l'échelle de la planète : l’idéal illusoire de nos sociétés de consommation ne peut-être généralisé aux 8 à 9 milliards de personnes qui peupleront la Terre en 2050. Ainsi, pour assurer un niveau de vie décent aux populations les plus pauvres tout en garantissant notre avenir commun, il nous faut rapidement et obligatoirement stopper notre consommation superflue.

Cette alerte n'est pas récente et cela fait plus de trente ans que les scientifiques et écologistes tentent de mobiliser les politiques et l'opinion mais on commence à peine à les écouter, regrettait Dennis Meadows, co-auteur du célèbre rapport du Club de Rome Limits to Growth (1972). Maintenant, les limites de l'acceptable sont dépassées, les Hommes, aveugles, continuent de souiller leur environnement en produisant trop, en consommant trop, en exploitant trop les ressources. En 1972 ce rapport audacieux prônait de ralentir la croissance afin de ne pas compromettre notre avenir, dorénavant, il faudrait entamer une décroissance nette.
En effet, la croissance a trop longtemps été désignée comme le remède miracle à tous les maux comme le rappelait Haroldo Mattos de Lemos. Notre développement ne doit plus être synonyme de croissance ajoutait Mostafa Kamal Tolba, ancien directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE).

Le citoyen, un acteur primordial : entre fatalisme et espoir
Dominique Voynet, ancienne ministre de l'environnement et de l'aménagement du territoire a souhaité remettre l'individu au cœur des problématiques écologiques car nous "nous vivons sur une fiction, nous ne croyons pas ce que nous savons" tout en rappelant, à titre d'exemple, que la production d'un jean demande 32kg de matières premières et 8 000 litres d'eau, un ordinateur 11 tonnes de matière, que le transport aérien, de plus en plus abordable est pourtant le principal responsable des émissions de CO2 en Ile-de-France (selon la méthode du bilan carbone).
Paradoxalement, le citoyen des pays riches est de plus en plus sensible, conscient et informé de la non durabilité de son mode de vie, sans pour autant s’engager à modifier significativement son quotidien.
Nicolas Hulot, acclamé par l'assistance a souligné la schizophrénie de l'individu : d'un côté il est tenté (via les médias et les publicitaires) par des biens de consommation de plus en plus futiles, nombreux et à durée de vie courte tandis que d'un autre côté, il lui est demandé d'être éco-responsable. Un constat que je partage avec amertume : notre intelligence individuelle et collective doit prendre le dessus sur cette "tentation" facile.

La diminution forte et rapide de notre consommation en biens superflus et un mode de vie plus raisonnable resteront les mots d'ordre de ce dialogue pour le XXIème siècle : la décroissance ne doit plus être tabou, consommer ne doit plus être un signe extérieur de richesse : il y a bien d'autres manières de concevoir notre développement "passons de la vanité à l’humilité" soulignait Nicolas Hulot.
De plus, n'attendons pas du progrès technologique qu'il sauve l'humanité, les solutions technologiques existent déjà, et leurs évolutions ne pourront contribuer qu’en partie à relever nos défis, insistait Dominique Voynet.

Au final, le doute n'est plus permis et pourtant nos comportements et nos politiques ne changent guère, or, comme l'indiquait Darwin : "ce ne sont pas les espèces les plus fortes ou les plus intelligentes qui survivent mais les plus rapides à s'adapter aux changements".
Par conséquent, les intervenants ne cachaient pas que nous allons vivre dans les années qui viennent des changements sociaux, environnementaux plus importants que ceux survenus pendant le XXème siècle...

http://www.notre-planete.info/actualites/actu_1059_avenir_espece_humaine_futur_planete.php

Publicité
Commentaires
Publicité