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Une biche de l'espèce du cerf commun donne naissance à un faon sika du Japon
NOUZILLY (AFP) - Une biche de l'espèce du cerf commun a donné naissance, après fécondation in vitro, à un faon sika du Japon,
ouvrant la voie à l'utilisation de cette technique pour la sauvegarde
d'espèces menacées, ont annoncé vendredi, près de Tours (Indre et Loire) , les biologistes à l'origine de cette "première mondiale".
Le petit mâle, baptisé "Milou", a vu le jour le 25 août à l'élevage de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) à Clermont-Ferrand(Puy-du-Dôme), ont précisé les chercheurs devant la presse reçue à la
station de l'Inra de Nouzilly, en l'absence toutefois de leur "bébé".
Ce résultat est le fruit d'une
collaboration entre l'Inra et la Réserve animalière du Muséum national
d'histoire naturelle à la Haute-Touche (Indre), qui possède parmi ses
pensionnaires plusieurs espèces de cervidés et notamment des sikas.
"L'apport de l'Inra, a expliqué l'un des
responsables de cette recherche Pascal Mermillod, est basé sur notre
expérience en matière de procréation chez les animaux d'élevage
destinés non seulement à des fins de production laitière ou bouchère
mais aussi à la conservation du patrimoine génétique de races de bétail
condamnées à la disparition."
Cette vocation "conservation" a eu pour
suite le lancement d'un travail avec le Muséum afin de produire des
embryons par "accouplement in vitro" chez les espèces menacées et de
les faire porter par des femelles de sous-espèces proches, mais non
menacées, pour amplifier la descendance d'animaux rares.
Il a d'abord fallu maîtriser la
fécondation in vitro et le transfert d’embryon.
Cette première étape
avait été franchie en 2004: trois biches de cerf commun (ou élaphe)
ayant reçu des embryons produits par fécondation in vitro avaient alors
donné naissance à trois faons de leur propre espèce.
La nouvelle étape est atteinte
aujourd’hui: une mère élaphe a mis bas un faon sika issu du transfert
d’un embryon produit par collecte d’ovocytes (cellules) sur des
femelles sika, espèce non menacée, de la Haute-Touche. Après
fécondation in vitro par spermatozoïdes obtenus par prélèvement,
congélation, puis dégel, l’embryon a été transféré dans l’utérus d’une
mère porteuse élaphe.
La naissance de Milou a démontré le succès de
l'opération.
Pour les chercheurs, l'étape logique
suivante sera l’application de cette technique à des espèces en danger.
Dans l'immédiat, ils pensent à deux sous-espèces menacées de l'espèce
nippone, le sika du Vietnam et celui de Formose, également présents
dans la Réserve du Muséum.
"Mais il est hors de question de relâcher
les animaux issus de transferts d'embryon dans la nature car si leurs
espèces sont devenues menacées, a tempéré le directeur de la
Haute-Touche, Xavier Legendre, c'est que leur milieu naturel a disparu." |